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Dossier gestion de l'eau Maîtriser les excès en ville grâce à la végétalisation

Le rôle du site est multiple : promenade-découverte, régulation des eaux, préservation de la biodiversité spécifique des milieux humides.

La 39e Arborencontre de Seine-et-Marne, qui s’est déroulée le 17 juin dernier à Coupvray, a fait un point sur les solutions fondées sur la nature, avec un focus sur le rôle des arbres et des arbustes dans la gestion des eaux de ruissellement et des risques d’inondation.

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La Seine-et-Marne n’a pas vraiment été épargnée par les inondations au cours de ces dernières années, comme en témoigne l’épisode d’octobre 2024 lié à la tempête Kirk, qui a touché durement plus d’un quart des com­munes du département.

À Val d’Europe agglomération, dont le cœur abrite Disneyland Paris, les dégâts ont été minimes grâce à un schéma global de gestion des eaux pluviales pensé dès la création de cette collectivité, à la fin des années 1980. « Dans la commune de Coupvray, le parti pris a été, dès le départ, de mettre en œuvre une stratégie d’aménagement fondée sur la nature, qui se poursuit aujourd’hui », explique Thierry Cerri, président du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) 77 et maire de Coupvray. Cette ville de Val d’Europe agglomération s’est appuyée sur la création de bassins de rétention végétalisés associés à un système de canal à ciel ouvert et de noues qui peuvent faire face aux précipitations d’occurrence centennale (voir encadré).

Dernier secteur du bassin des Prés avant le rejet dans la Marne. (© Y. Haddad)

Limiter le ruissellement et les inondations

L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) a défini les solutions fondées sur la nature (SFN) comme étant « des actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité », précise Nicolas-Gérard Camphuis, ingénieur du génie rural des eaux et forêts, expert inondation associé au Cepri (Centre européen de prévention du risque d’inondation). Pour développer des solutions pertinentes, le spécialiste insiste sur la nécessité d’avoir une gouvernance large et d’accepter les compromis, car les enjeux ne concernent pas que la nature, mais aussi les sociétés. « Il faut également accepter le caractère évolutif. On travaille sur du vivant, alors il faut parfois admettre que la solution retenue initialement ne soit plus adaptée et chercher une autre stratégie. »

Lancé en 2020 et porté par l’Office français de la biodiversité (OFB), le programme européen Life Artisan (Accroître la résilience des territoires en incitant à l’usage des solutions d’adaptation fondées sur la nature) a pour ambition de développer les SFN d’ici à 2028 au sein du territoire français. Pour cela, l’OFB s’appuie sur des sites pilotes et sur un réseau de treize animateurs régionaux qui peuvent aider les territoires à mettre en place, financer et faire connaître leurs projets. Parmi les SFN, certaines sont adaptées pour limiter le ruissellement et les risques d’inondations, s’appuyant sur la végétation ligneuse.

Lagune tampon en amont du bassin des Prés. (© Y. Haddad)
Petite mare séparée des bassins pour créer une zone propice aux amphibiens. (© Y. Haddad)

Arbres et arbustes : des alliés précieux

Les arbres et les arbustes ont la capacité de maintenir les sols et d’infiltrer l’eau, d’en absorber une partie, mais aussi de briser et de ralentir les écoulements. En outre, ils jouent un rôle majeur sur le plan écologique et paysager, en contribuant à la trame verte, et en constituant des espaces privilégiés de promenade et de sensibilisation pour les habitants.

« Dans nos régions tempérées et en l’absence d’activités humaines, les boisements occupent la majeure partie des fonds de vallée et les plus belles forêts alluviales se situent à l’aval, là où de larges plaines inondables peuvent se développer », explique Hervé Piegay, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), spécialiste des ripisylves.

Ces formations constituent des éléments majeurs pour limiter les risques d’inondations aux abords des cours d’eau, car elles ralentissent l’onde de crue. Les ligneux en bord de rive jouent également un rôle important dans la stabilisation des berges et l’amélioration de la qualité des eaux de surface venant des espaces environnants, sans oublier le rôle écologique (ombrage et habitat pour la faune aquatique).

« En zone agricole, différentes solutions fondées sur la nature peuvent être combinées entre elles pour limiter le ruissellement et les risques d’érosion des sols », précise Christèle Alexandre, directrice de l’Areas (Association de recherche sur le ruissellement, l’érosion et l’aménagement du sol). Parmi elles, les fascines (fagots installés entre des pieux) et les haies agissent comme un frein hydraulique local, en aval de petits bassins versants inférieurs à 20 ha ou à l’échelle parcellaire. L’efficacité des fascines est immédiate, mais seulement pour les ruissellements peu intenses. Leur durée de vie est relativement courte et elles n’ont pas d’effet sur les particules fines telles que les argiles. L’efficacité des haies atteint son apogée après dix ans, avec une capacité d’infiltration pouvant atteindre 400 mm d’eau par heure.

D’autres systèmes s’appuyant sur le végétal et la gestion intégrée des eaux pluviales ont été présentés lors de cette 39e Arborencontre. Ils feront l’objet d’un prochain article.

Ambiance de type forêt alluviale. Les saules ont été conservés pendant l’aménagement. (© Y. Haddad)
Ce fossé ininterrompu vers la Marne sert de frayère à brochets. (© Y. Haddad)

Pour en savoir plus :
- « Huit questions à se poser pour mettre en œuvre les solutions fondées sur la nature »
- Programme Life Artisan

> A découvrir aussi dans ce dossier...

"Gestion de l’eau : un cycle vertueux"

- "Recycler pour sécuriser l'approvisionnement en eau", l'exemple chez le pépiniériste Javoy Plantes (Dossier dans Lien horticole n° 1150 de novembre 2025), et une charte d'engagement de Valhor ;

- "Irriguer avec des eaux traitées" (à Orléans), avec des avantages et obligations des labellisations, et "Maîtriser les excès en ville grâce à la végétalisation", dont à Coupvray (les deux articles dans le Dossier dans Lien horticole n° 1150 de novembre 2025).

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Maîtriser les excès en ville grâce à la végétalisation

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